jeudi 22 novembre 2007
les Khmers à l'école
Si vous savez qui apparaît sur la photo, c'est que vous avez suivi avec assiduité l'actualité de ces derniers jours. Ou que vous avez fait la démarche de vous intéresser au régime des Khmers rouges. Car ce vieux monsieur à la mine renfrognée est le numéro 2 (après Pol Pot) du régime cambodgien qui fut au pouvoir de 1975 à 1979. Khieu Samphan qui vivait jusque là tout-à-fait librement a été arrêté lundi sur ordre du tribunal mis en place par l'ONU. Les choses se pressent donc d'un point de vue judiciaire, après de longues années d'indécision.
En France persiste une méconnaissante totale du régime des Khmers rouges. On ne l'étudie pas en classe, on l'évoque vaguement sans y connaître grand chose. Les rares fois où l'on entend cette désignation, c'est lorsqu'elle sort de la bouche d'étudiants anti-bloquage haineux submergés par le stress d'examens qui n'arrivent pas.
L'étude d'un régime qui a exécuté près de 2 millions de personnes (soit le quart de la population cambodgienne) mériterait un peu plus de considération de la part de l'Education nationale. Que le génocide rwandais ou les guerres en ex-Yougoslavie ne soient pas étudiés à l'école passe encore, les faits sont très récents, mais là! Les Khmers rouges ne sont plus au pouvoir depuis presque trente ans, et devraient donc avoir une place dans les livres d'Histoire. Au moins une ou deux pages à inclure dans le chapitre sur la Chine maoïste!
Pour ceux qui sont trop âgés pour attendre la reédition des manuels d'Histoire, il existe un blog très bien fait sur le sujet (et, plus modeste mais toujours utile, une page wikipédia).
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2 commentaires:
Decidemment "La fin des Haribo" ne connait aucun tabou !
La question posée mérite de s'y attarder quelques secondes : sur les quelques 200 conflits post 1945, lesquels méritent d'être enseignés au lycée ? C'est à dire, quelle connaissance de l'histoire internationale estime t'on qu'un citoyen doit connaitre en tant que culture générale ?
Le temps est certes compté. Les heures attribués à l'étude de l'Histoire sont réduites ; elles sont en plus partagées avec la géographie et l'éducation civique. Ensuite, outre un étude "approfondie" de la Seconde Guerre Mondiale, les lycées doivent aussi étudier les 4° et 5° républiques. Enfin, il faut bien aborder à un moment les aspects plus positifs de l'évolution internationale, comme la création de l'Onu, etc. Il faut donc trier.
Les conflits ayant impliqué la France sont bien entendu nécessaires: Indochine, Algérie, Irak. Ensuite la Guerre Froide au sens large a droit à une grosse part du gateau, du moins au niveau européen. L'Amérique Latine est ainsi en général complètement passée sous silence. D'autres, considérés comme emblématiques, sont rapidement abordés : Corée, Viet Nam. Il n'y a donc guerre plus de place pour le reste.
La seconde partie du XX° siècle est pourtant riche en massacres de garnde ampleur ; en terme de volume, la République Démocratique du Congo (3,5 Millions) et le Cambodge (2 Millions) occupent de loin les premières places ; L'Ex Yougoslavie et le Rwanda, seuls génocides reconnus officiellement, sont vieux de plus de dix ans et ont connu la création de juridictions spécialisées qui vont bientôt avoir achevé leur travail. Il semble donc que le recul nécessaire soit atteint ; en terme de symbole et d'impact sur l'actualité, comment passer sous silence les conflits israelo arabes et israelo palestiniens ? Les guerres civiles du Liban ? La Révolution Iranienne ? La guerre Indo-Pakistanaise ? ; Enfin, en Ouganda, au Sierra Leone, en Centrafrique, en Somalie, en Cote d'Ivoire, au Soudan, en Tchétchénie etc les sommets de l'horreur ont été atteints. Sans parler de la myriades de guerres passées sous silence puisqu'elles n'avaient pas de caractéristique "originale" qui pouvait attirer l'attention de l'opinion publique occidentale.
Le débat sur l'éducation rejoint donc en réalité celui du traitement de l'actualité internationale par les médias. Rappelons que le plus "internationaliste" des quotidiens français, le Monde, contient 4 pages "International".
Mais je suis obligé de vous donner raison, cher xabidevils. Contrairement aux cas cités plus haut, le Cambodge, comme aujourd'hui la Birmanie, possède une caractéristique qui en fait un sujet d'étude ou d'intéret plutôt attrayant : ici sont clairement délimités et désignés les bons et les méchants, les bourreaux et les victimes.
Tout-à-fait d'accord avec l'analyse. D'autant qu'il conviendrait aussi d'évoquer le rôle de l'Etat français dans certains de ces conflits, et l'influence que cela peut avoir sur le choix ou non de les aborder à l'école. Comme par hasard, la plupart des dirigeants khmers rouges ont été formés dans les facs françaises. Et, ah tiens? C'est Jacques Vergès qui défendra son ami de longue date Khieu Samphan...
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